Montag, 24. März 2014

Vers une nouvelle politique de défense et de sécurité pour le Sénégal (1ère Partie).

L’État du Sénégal se doit de repenser la politique de défense et de sécurité qui, jusqu’ici, a prévalu. L’environnement sécuritaire n’étant plus le même, vu l’apparition d’acteurs non-étatiques exerçant une violence armée transnationale (réseaux terroristes, groupes armés, mouvements séparatistes, bandes criminelles opérant en zones transfrontalières etc.) et constatant l’érosion du monopole de la contrainte physique légale dans certains pays de la sous-région ouest-africaine (Mali, Mauritanie, Guinée-Bissau etc.), il urge alors pour le Sénégal de redéfinir le paramètre et l’objectif des missions jusqu’ici dévouées à nos forces de sécurité et de défense.

Le schéma classique de la défense nationale tel qu’actuellement conçu veut que nos forces de défense et de sécurité ne se bornent qu’à assurer l’intégrité du territoire national et la protection des citoyens sénégalais à l’intérieur de nos frontières. La nature des dangers qui peuvent présentement constituer une menace réelle pour la sécurité du Sénégal et de ses citoyens exigent de l’État du Sénégal une politique sécuritaire beaucoup plus préventive et axée sur une stratégie de dissuasion adéquate. Pour ce faire le gouvernement devra d’une part mettre l’accent sur la coopération entre les différents services de l’État et sur la coordination entre l’armée, la police et la gendarmerie. D’autre part il s’agira pour le gouvernement d’augmenter la taille des effectifs en service dans les forces de sécurité et de défense. Il est en effet très risqué pour la sécurité intérieure du Sénégal que d’avoir une police et une gendarmerie qui fonctionnent en sous-effectif. Si l’actuel gouvernement est en mesure d’employer 3000 volontaires civils au sein de ce qui s’appelle « Agence Nationale d’Assistance à la Sécurité de Proximité », cela veut dire que ce même gouvernement est en réalité capable de recruter 3000 policiers ou gendarmes supplémentaires pour assurer la sécurité des citoyens en lieu et place de simples civils, dont le critère de recrutement semble être plus l’appartenance politique que l’aptitude professionnelle. Il n’est pas trop tard pour dissoudre cette milice et corriger cette forfaiture. On peut bel et bien lutter contre le chômage des jeunes sans pour autant trahir le principe abstrait de l’objectivité républicaine qui régit le fonctionnement de l’État du Sénégal. Une reconfiguration du génie militaire et une redéfinition de la mission des forces armées sénégalaises peuvent en effet aider le gouvernement à trouver des solutions efficaces pour régler le problème du chômage structurel des jeunes et le déficit de main-d’œuvre qualifiée dans certains domaines.
Je veux dire par là que le génie militaire peut à la fois servir de centre de formation professionnelle et d’entreprise de BTP avec des marchés publics et privés au Sénégal comme à l’étranger.

Le présent concept combiné à l’instauration du service militaire obligatoire pour tout citoyen sénégalais âgé de 18 ans avec un délai de conscription de 24 mois suivant la formation de base, peut dans le court et moyen terme rendre la jeunesse sénégalaise plus apte à relever le défi du développement économique et social. Ainsi aura-t-on d’une part une Armée pourvoyeuse d’emplois dans des secteurs aussi bien variés que les BTP, l’immobilier, les NTICS, le textile, l’agroalimentaire, les énergies, les transports etc. ; et d’autre part des militaires qui seront ouvriers en temps de paix et soldats en temps de guerre. Les forces armées seront intégrées dans le tissu socio-économique national et pourront de ce fait contribuer à l’envol économique du Sénégal. En plus des crédits publics accordés dans le cadre de la loi de finances, les forces armées auront une certaine autonomie financière qui servira à financer les retraites, les programmes de logements, les assurances et les prises en charge en cas d’invalidité.

La stratégie de défense nationale reposera sur une fusion intelligente entre le concept de conscription et celui d’armée de métier.

Le gouvernement prendra alors une mesure portant création d’au moins d’un lycée militaire dans chaque région du Sénégal. L’enseignement des sciences et techniques ainsi qu’une pratique intensive du sport occuperont une place importante dans le programme éducatif de ces établissements.

En conséquence à la création d’une quinzaine de lycées militaires, le gouvernement créera une demi-douzaine d’écoles supérieures polytechniques réparties sur toute l’étendue du territoire national pour absorber les meilleurs bacheliers aspirant à service dans les rangs de l’Armée en tant qu’ingénieurs ou techniciens supérieurs.  

Afin de garantir le caractère neutre et impartial des forces armées, les militaires et les paramilitaires seront privés de vote. En effet l’octroi du droit de vote aux membres des forces de sécurité et défense, peut mettre en danger le fonctionnement des forces armées aussi au niveau horizontal, qu’au niveau vertical. En d’autres termes il peut y avoir soit une friction entre les corps les plus proches du pouvoir politique (Gendarmerie Nationale, Garde Républicaine, Police Nationale etc.) et ceux qui le sont moins (Armée de Terre, Armée de l’air, Marine, Sapeurs-Pompiers etc.) ou soit une distorsion de la chaîne de commandement entre la haute hiérarchie et la troupe. 

Par delà la garantie des intérêts vitaux du Sénégal à savoir la défense de l’intégrité du territoire national, de l’indépendance et de la souveraineté internationale du Sénégal  et la protection des citoyens sénégalais, la nouvelle politique de défense et de sécurité du Sénégal prendra en compte l’aspect économique, culturel, commercial et écologique des intérêts du Sénégal (intérêts stratégiques).


Abd El Kader Niang
Diplômé en Sciences Politiques



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