Sonntag, 10. Februar 2013

La solution à la crise casamançaise n’est pas exclusivement militaire: Une bonne politique de décentralisation, d’investissement et de désenclavement peut ramener la paix, la sécurité et le développement définitivement dans la région naturelle de Casamance (1ère Partie).


Il ne s’agit dans ce propos nullement de remettre en cause l’incessibilité du territoire national sénégalais. La région naturelle de Casamance, ou autrement dit les régions administratives de Ziguinchor, Kolda et Sédhiou, font bel et bien partie intégrante du Sénégal, lui-même un et indivisible. Il s’agit ici plutôt faire l’ébauche d’un ensemble de mesures politiques et économiques qui peuvent entre autres considérablement contribuer à pacifier la Casamance et à rebooster son dynamisme économique. Il convient aussi de souligner le caractère indispensable de la présence des forces armées sénégalaises dans cette partie du pays et donc par la même de saluer le courage, le patriotisme et le professionnalisme de nos soldats en service dans la zone sud.


En ce qui concerne la décentralisation, l’État du Sénégal doit mettre en œuvre une stratégie de mise en valeur du potentiel agricole, hydrographique, forestier, touristique et pétrolifère de la Casamance afin de créer des entreprises et des unités de production industrielle qui contribueront à générer des emplois sur place et à résorber le chômage dans le sud du Sénégal. Cette politique d’industrialisation des régions du sud se fera dans le respect des normes de protection de l’environnement et de la nature, et sera accompagnée par une politique d’éducation et de formation professionnelle afin de lutter contre l’analphabétisme et le manque de qualification professionnelle.


Une baisse de la fiscalité pour les grandes entreprises et un régime d’amnistie fiscale temporaire pour les PME peuvent en tant que stimulant inciter les investisseurs privés nationaux et internationaux à venir investir en Casamance dans le cadre d’un partenariat privé public. Les dividendes générés dans ce partenariat seront entièrement  et exclusivement réinvestis dans les régions de Ziguinchor, Kolda et Sédhiou pour une période de vingt-cinq ans aux fins de construction de routes, d’autoroutes, d’hôpitaux, d’écoles, d’universités et d’autres infrastructures.


La région naturelle de Casamance, étant pratiquement coupée du reste du territoire national par la Gambie, a besoin d’infrastructures routières, autoroutières, ferroviaires, portuaires et aéroportuaires plus que toute autre région du Sénégal afin de pallier à cette discontinuité géoterritoriale. En fait il faudrait négocier avec les autorités gambiennes l’ouverture d’une desserte par voie ferrée sur l’axe Ziguinchor-Banjul-Kaolack pour faciliter le transport de personnes et de biens entre le sud et reste du Sénégal et mettre en place un dispositif ferroviaire et autoroutier dense pour relier les différentes métropoles du sud et sud-est entre elles.  


La fluidité du trafic entre des différentes régions du Sénégal peut contribuer à enrayer le sentiment de régionalisme et d’ethnocentrisme qui à côté du communautarisme confrérique constitue une entrave majeure à la consolidation du sentiment d’appartenance nationale et au renforcement de la cohésion sociale. Il s’agit ici d’étouffer dans l’œuf  le projet pseudo-indépendantiste des criminels et bandits du MFDC en proposant à la jeunesse sénégalaise de Ziguinchor, Kolda et Sédhiou un meilleur avenir sous les couleurs de la bannière nationale. L’État du Sénégal devra ainsi cesser toute négociation avec le MFDC et redéployer toutes les composantes des forces de sécurité et défense sur toute la région naturelle de Casamance afin de sécuriser les populations et les biens contre les agressions, les pillages et autres actes de banditisme de la part des bandes armées du MFDC.




Abd El Kader Niang


Analyste politique/ Conseiller en communication




 L'auteur Abd El Kader Niang

Protubérances avec Mme Nathalie Dia, coordonnatrice adjointe et responsable de la cellule communication du Mouvement Taxaw Temm


Bonsoir Mme Nathalie Dia, merci de nous avoir accordé pour une deuxième fois une interview pour ce numéro de Protubérances.
AKN : L’actualité politique sénégalaise est dominée par deux grands thèmes: les audits de la Cour de Répression de l’Enrichissement Illicite (CREI) et l’intervention militaire sénégalaise au Mali. Alors que pensez-vous des audits de la CREI ?
La CREI semble pour le moment faire plus d’agitation que de sérénité et d’avancées significatives. On a l’impression que ces convocations ressemblent plus au Carnaval de Rio où l’on invite les uns et les autres à venir faire un tour de piste avant de passer à une autre séquence de théâtre cette fois-ci, pour finir par jouer à cache-cache entre soit-disant « persécuteurs » et « victimes ». Un peu de sérieux dans ce qui semble être la casse du siècle au Sénégal nous agréerait volontiers!


AKN : N’avez-vous pas l’impression les investigations de la CREI sont sélectives, parcellaires ou peut-être même partisanes? En d’autres termes ne pensez-vous pas que les audits sont dirigés seulement vers un groupe de personnes bien définies et que d’autres à qui on peut aussi reprocher de s’être enrichis de manière illicite, ne sont pas inquiétés ?
Ce que l'on note surtout, c'est que la justice spectacle que nous offre la CREI pour traquer les biens supposés mal acquis et le blanchiment laisse penser à un soupçon de vouloir gagner du temps jusqu’ aux élections présidentielles de 2017 (s’il y a raccourcissement du mandat présidentiel) en faisant trainer la procédure, ou pire en se précipitant avec le secret espoir d’entacher les procédures d’irrégularité de sorte qu’elles seront annulées par le juge même en cas de culpabilité. Donc, dans un cas comme dans l’autre les audits auront accouché d’une souris. Ce qui importe pour nous qui sommes de l'autre côté de la barrière, c'est de nous montrer intransigeants pour bannir toute forme d’impunité et exiger la récupération de toutes les sommes détournées. Si l’on a rien à se reprocher, il est inutile de crier au scandale ou de se sentir victimisé ou persécuté!


AKN : Est-ce que vous faîtes confiance à la CREI dans cette mission qui lui est dévolue ?
Pour l’instant non et je l’ai expliqué plus haut!


AKN : Certains avocats évoquent la possibilité de médiation pénale, pensez-vous que les audits seront menés jusqu’au bout avec à la clé des poursuites judiciaires pénales et que l’argent du contribuable sénégalais sera totalement recouvré ?
Ce ne sont  pas seulement les avocats qui l'évoquent; le gouvernement par la voix du Ministre de la justice, ainsi que les leaders de Benno Bok Yaakar privilégient, malheureusement cette médiation pénale. Or toute situation juridique expose soit à une responsabilité civile et / ou pénale. Substituer la responsabilité civile à la responsabilité pénale quand toutes les deux sont engagées c’est faire preuve de déni de justice alors même que se pose une exigence de justice et d’éthique. C’est un fait gravissime, car cela voudrait  dire que «  voler n’est pas grave, mais c’est se faire prendre qui l’est » et qu’en tout état de cause « on ne court aucun risque du moment qu’on a les moyens de rembourser ». Une certitude : il ne faut pas trop se faire d’illusion quant au recouvrement total de l’argent détourné encore moins d'une condamnation forte des personnes incriminées.


AKN : Quelles sont vos attentes par rapport au fonctionnement de la justice sénégalaise dans cette mission de répression de l’enrichissement illicite en particulier et en général dans sa mission de garantie du respect du droit par tous et de sanction des infractions à la loi ?
Nos attentes sont, bien évidemment nombreuses. La plus pressante étant celle de voir une justice sereine et équitable qui dira le droit quelque soit le justiciable. Une justice qui instruit à charge et à décharge, une justice qui ne soit ni aux ordres, ni instrumentalisée,une justice libre avec des magistrats indépendants. Une justice qui fait respirer l’Etat de droit en respectant le droit ainsi que les droits de chacun.
C’est une question de justice, d’éthique et d’intégrité…


AKN : Que pensez-vous de l’intervention militaire du Sénégal au Mali ? N’est-ce pas un choix risqué ?
Ce n’est pas un choix risqué, c’est un choix qui s’imposait à nous naturellement. Le Mali est un pays frère et c’est tout naturellement que l’on approuve cette décision. Nous devons soutenir nos vaillants djambars dans cette noble mission qui leur est confiée et leur souhaiter plein succès.


AKN : A votre avis le Sénégal a t-il les moyens de mener une guerre contre le terrorisme ? Le choix du gouvernement sénégalais ne risque-t-il pas d’exposer le Sénégal et les citoyens sénégalais à d’éventuelles représailles de la part des terroristes ?
Il est évident que le Sénégal, tout comme les pays de la sous région, n’a pas les moyens de mener seul une guerre contre le terrorisme. Le terrorisme est un cancer planétaire et aucun pays dans le monde  à lui seul ne peut apporter une réponse adéquate au terrorisme de façon durable ou pérenne. Il faut donc pour cela une action concertée, coordonnée sans transiger. Avec ou sans engagement au Mali, le Sénégal  et les sénégalais sont exposés à d’éventuelles représailles de la part des terroristes et des narcotrafiquants à l’instar des sept (7) pays qui partage une frontière commune avec le Mali. Ce dernier constitue donc un Etat tampon face aux terroristes et par conséquent s’il tombe, tous les autres pays de la zone vont suivre comme dans un jeu de domino. En défendant le Mali, tous ces pays se protègent donc.


AKN : Certes dix mois c’est assez prématuré pour faire le bilan de l’actuel régime en place, mais que pensez de la démarche du Président de la République Mr Macky Sall ?
10 mois c'est tout à fait suffisant pour juger une action, ne serait-ce que pour en dessiner les tendances. Pour ce faire il faudrait partir des objectifs fixés au départ, des moyens mis en œuvre et des résultats obtenus pour dégager les écarts constatés entre les objectifs et les résultats. A tout moment il est possible d’effectuer un bilan d’étape, d’ailleurs nécessaire, afin d’apporter les correctifs nécessaires en cours d’exécution d’un projet.


On peut retenir comme exemple, l’engagement de campagne du candidat Macky Sall, repris dans la Déclaration de Politique Générale du Premier Ministre pour le compte du Président Macky Sall, de créer 500.000 emplois en 5 ans (durée supposée de son mandat) en raison de 100.000 emplois par an.


Le Président Macky Sall dans son adresse à la Nation du 31 décembre 2012 reverra cet engagement à la baisse, soit 30.000 emplois par an (emplois crées à travers le FONGIP et le FONSIS). La question est donc de savoir combien d’emplois ont été crées en 10 mois (soit 1 an)? Plus généralement, le bon sens commande de se poser la question de savoir si Macky Sall pourrait créer 500.000 emplois en 5 ans alors que l’ensemble des emplois du secteur formel au Sénégal est loin en deçà de ce chiffre.


AKN : Croyez-vous que Mr Macky Sall pourra redresser la situation durant son mandat ou lui faudrait-il un second mandat ?
Dans la vie, tout est question d'organisation! Un mandat est bien largement suffisant pour dérouler un programme si tant est que l'on soit là pour servir et uniquement servir. Cela suppose évidemment, une feuille de route avec des objectifs bien définis et structurés, un bilan à mi-parcours mais aussi et surtout les hommes qu'il faut à la place qu'il faut!


Prétendre vouloir un second mandat pour parachever une œuvre à peine entamée, parce que l'on aura passé son temps à tâtonner, serait superfétatoire. Le temps est au travail pas à la rigolade.


AKN : Si c’était pour demain les prochaines élections présidentielles, est-ce-que vous auriez voté pour Mr Macky Sall ?
Définitivement: non! Pour la simple et bonne raison que nous découvrons qu'il n'a jamais été question pour le Président de la République d’éthique, de transparence, de la fin du clientélisme comme il l'avait énoncé dans son premier discours à la Nation. La rupture tant attendue pour amorcer un saut qualitatif dans le sens de la bonne gouvernance n'est pas au rendez-vous! Ce que nous voyons c'est plutôt une gestion plus ou moins patrimoniale des affaires de l’Etat qu’installe lentement mais sûrement le parti de Macky Sall au sommet de l'Etat... c’est donc pour nous une impression de déjà-vu ou déjà-vécu!


AKN : Qu’en est-il de Mr Ibrahima Fall ? Est-il de la majorité ou de l’opposition ?
Le Professeur Ibrahima Fall se porte comme un charme. Comme il l'a dit récemment, il n'est ni dans l'opposition ni dans la majorité. Sa seule constante reste les valeurs, la culture de l'excellence. C'est un vaste chantier, vous savez!


AKN : Sera-t-il candidat aux prochaines échéances présidentielles ? Est-il toujours votre candidat ?
Nous avons le temps de voir venir les choses. Ce qui importe pour nous c'est de restructurer le mouvement, de le massifier et de préparer notre Congrès dans un futur proche qui déterminera la suite des évènements. A ce moment là, l'on saura s'il sera candidat ou pas.


AKN : Au Sénégal quand on parle de politique on a tendance à se concentrer sur la majorité et donc on omet d’analyser les actes posés par l’opposition, que pensez-vous de l’actuelle opposition libérale à la Place Soweto ?
Il est bien vrai qu’au Sénégal, le focus est toujours mis sur la majorité avec la croyance saugrenue que la minorité compte pour quantité négligeable. C’est le reflet de l’état d’immaturité voire primaire de la démocratie. L’opposition actuelle est bien dans son rôle même si bien souvent elle fait preuve de beaucoup de populisme et se pose en victime. Elle devrait sans doute s’inscrire dans une dynamique constructive et une perspective alternative en faisant le bilan sans complaisance de leurs douze (12) ans de mal gouvernance. Malheureusement,  majorité présidentielle comme opposition sont dans une logique de vengeance et de règlements de compte loin des préoccupations des sénégalais tenaillés par la cherté de la vie, les perspectives d’avenir sombres etc…


AKN : Que diriez-vous du M23 ?
Le M23 est l’expression de l’émergence d’une opinion publique salutaire capable de peser de tout son poids sur les décisions des pouvoirs publics. Contrairement à ce qu’on pourrait penser (même si c’est la position de certaines individualités du M23), le M23 n’est pas né pour régler simplement un problème ponctuel à savoir à la fois le retrait du ticket présidentiel de Me Wade, sa troisième candidature inconstitutionnelle et le respect absolu de la Constitution. Mais le message du M23 va au-delà de cette exigence, car il dispose pour l’avenir ; autrement dit il s’adresse au régime de Me Wade, mais met en garde tous les pouvoirs à venir.  Désormais rien ne sera plus comme avant, étant entendu que le M23 s’érigera en observatoire et en sentinelle de défense de l’Etat de droit et de la démocratie, du respect de la constitution etc…


Avec la dernière Assemblée Générale tumultueuse du M23, certains en ont déduit la fin du mouvement suite à sa scission. En réalité il n’ya pas eu de scission, mais le départ de certains jeunes (pas tous) qui sont opposés  à la mutation du M23 en association de droit privé pour sortir de l’informel et assurer son indépendance vis-à-vis de tous ceux qui voudraient l’instrumentaliser. Ceci est vital pour la survie du M23; se sont les partis politiques et certaines personnalités qui assuraient son financement. Le M23 comme le Mouvement Y’en a marre ont toujours leur raison d’être et doivent survivre à toutes les chapelles pour nourrir et faire respirer la démocratie et parer à toute éventualité de dérives et confiscation des acquis de la volonté populaire.


AKN : Et le mouvement « Y en a marre » ? A-t-il toujours sa raison d’être ?
La raison d'être de "Y'en à marre", esprit ou Mouvement est plus vivace aujourd'hui qu'elle ne l'était hier et l'est bien moins que demain! Un peu pour dire que ce mouvement et cet esprit iront de pair tant que le bien-être des populations ne sera au cœur des préoccupations de ceux qui gouvernent. On constate depuis quelques temps, qu'après s'en être servi comme moyen d’instrumentalisation et de manipulation politique pour abuser l’opinion publique, une volonté manifeste de jeter l'opprobre sur le Mouvement Y'en à marre. C'est peine perdue... Moi je crois bien plus en l’esprit « Y’en à marre » qui habite chacun de nous, épris de justice, d’équité et de courage et je reste persuadée que les choses ne se passeront plus comme par le passé. Le Mouvement Y'en à marre a une légitimité certaine, n’en déplaisent à certains ; un tel rassemblement n’a pas été vu depuis les mouvements de contestation de Mai 68. Ce mouvement est une sentinelle de défense de l'Etat de droit et de la démocratie, du respect de la Constitution!


AKN : Des danseuses qui exhibent leurs parties intimes en public, une miss diongama en pantalon transparent et une certaine presse qui participe à la divulgation de ces images jugées obscènes par les puritains, que vous inspire tout cela Mme Dia ?
Cela m'inspire que notre société est en crise et notre presse aussi! Concernant la presse, si le code de déontologie du journalisme, autrement dit l'éthique à laquelle un journaliste doit souscrire avant de s'engager dans sa profession n’est pas respecté, on court droit à la catastrophe. Si des méthodes déloyales pour obtenir des informations, des photographies et des documents sont utilisées, si l’on ne respecte pas la vie privée des personnes voilà à quelle sorte de dérives nous arrivons. Il fut un temps où nous avions peur du  regard d’autrui, nous avions peur de blesser l‘autre! Nous voulons certes de l'information mais de grâce, pas n'importe quelle information!


Je me rappelle avoir poussé un cri du coeur  au lendemain de l’élection Miss Diongoma à la lecture de l'article titré " Avis aux hommes: les candidates à Miss Diongoma cherchent un mari"!! Aujourd’hui je pousse un haut-le-cœur à la vue de ces images exhibitionnistes qui ne reflètent en rien l’image  de la vraie belle femme sénégalaise aux formes généreuses chic en boubou ou en pagne. C’est affligeant... Mais bon… c'est le monde dans lequel nous vivons!


Je vous remercie Mme Dia








   




 L'auteur Abd El Kader Niang

Proposition pour une réforme du multipartisme au Sénégal : Vers une limitation du nombre de partis politiques afin de garantir le bon fonctionnement du système politique


La meilleure définition du concept « démocratie » en tant que forme d’organisation sociopolitique, à mon avis, nous la retenons de Platon qui faisait dire à Ménexène dans un dialogue avec Socrate que la démocratie « c’est en réalité le gouvernement de l’élite avec l’approbation de la foule ». Les partisans d’une définition plus canonique du concept  « démocratie » et par la même plus proche du sens étymologique du terme pourront avec aisance paraphraser Abraham Lincoln et affirmer que « la démocratie est le gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple ». Eu égard au nombre pléthorique de partis qui foisonnent sur l’échiquier politique sénégalais, il s’impose alors de se poser la question à savoir si cette inflation de partis politique ne nuit pas tout simplement à l’exercice souverain de la légitimité populaire et au bon fonctionnement de la démocratie sénégalaise.


La logique du jeu des partis politiques, legs structurel de la IVème République française, constituant la clef-de-voûte du système politique au sein du régime semi-présidentiel de la Vème République française de 1958, laquelle a servi de modèle à la Constitution sénégalaise de 1963, qui elle-même inspire celle de 2001, consacre ces mêmes partis comme étant les acteurs de la vie politique de la Nation.


Les partis politiques étant donc en substance des associations et groupements de personnes physiques libres et égales en droit sont censés concourir à l’expression du suffrage universel. Et dans ce sens ils se doivent de polariser les citoyens autour d’un même idéal politique selon un programme de parti bien défini. De ce fait les partis politiques sont, selon les théories délibératives faisant référence en sciences politiques, supposés remplir deux fonctions essentielles : en résumé celle de servir d’intermédiaire d’entre le peuple et le pouvoir; et celle de contribuer à la formation d’une opinion publique nationale dans l’intention de conquérir (ou le cas échéant de maintenir) le pouvoir politique réel afin de d’appliquer le projet de société conçu et présenté aux citoyens  durant la campagne électorale.


Alors comment comprendre qu’il y ait au Sénégal, pays peuplé de moins de 13 millions d’habitants, plus de 120 formations politiques !? Peut-il y avoir dans un pays cent-vingt intermédiaires entre le pouvoir et les citoyens ? Doit-on tolérer que cent-vingt « partis » prétendent participer de manière constructive à la formation de l’opinion publique ?


Démocratie ne signifie pas inflation de partis politiques. Et ce nombre surélevé de partis présents sur la scène politique nationale ne contribuent qu’à morceler l’échiquier politique et à rendre difficile l’obtention de la majorité des suffrages exprimés à l’issue du premier tour du scrutin présidentiel et rend hasardeux le résultat d’un second tour parce qu’ouvrant la porte à toute forme d’alliances de circonstance, qui ne reflètent en rien la volonté de électeurs et ridiculisent le sens réel de l’expression des suffrages. En outre la présence superflue de candidats impopulaires et le plus souvent inconnus des électeurs cause un préjudice financier grave pour le trésor public et donc le pauvre contribuable sénégalais, vu qu’il leur faut un temps d’antenne à la télévision lors de la campagne électorale et des bulletins de vote imprimés pour finir ensuite comme papier d’emballage pour les marchands de cacahuètes.


Il urge à ce titre de limiter le nombre des partis politiques et de rationnaliser le jeu démocratique.
Comment faire pour limiter le nombre de partis politique au Sénégal ?   


Il suffit d’introduire une clause restrictive et éliminatoire à hauteur de 8% (par exemple) des suffrages valablement exprimés.  C'est-à-dire un parti qui n’arrive pas engranger 8% des suffrages valablement exprimés lors d’une échéance électorale se voit retirer son récépissé définitivement et perd irréversiblement son statut de parti politique. Dans ce cas de figure le parti concerné ne pourra plus se présenter à aucune élection que ce soit des  élections locales, législatives ou présidentielles. Ainsi dans cette logique seuls les partis représentés au niveau des collectivités locales pourront prendre part aux élections législatives et seuls les partis présents à l’Assemblée Nationale pourront prendre part aux élections présidentielles.


La loi électorale devra alors imposer à chaque parti politique la tenue d’élections primaires internes transparentes, libres et démocratiques. Ces élections primaires seront fermées c'est-à-dire seuls les militants dudit parti auront droit à prendre part à ce scrutin. Pour s’acquitter de leur droit de vote ces derniers devront remplir les mêmes critères d’éligibilité active prévue par la loi électorale en termes de droits civiques (majorité civique, jouissance pleine des facultés mentales et droits civiques). 


Afin préparer les électeurs à prendre part de manière intelligente à la vie de la Nation, à faire preuve de maturité politique et à bien choisir leurs leaders, le code électoral devra permettre aux citoyens sénégalais âgés de seize ans révolus de prendre part aux élections locales.


Tous les mandats électifs doivent être ramenés à 06 ans. La sixième année sera déclarée année électorale prévoyant la tenue de campagnes électorales en vue de l’organisation successive et à intervalle régulière d’élections primaires, locales, législatives et présidentielles. En d’autres termes toutes les élections auront lieu la même année. Le nombre de mandats électifs sera limité à deux par le moyen d’une contrainte légale prévue dans le code électoral et disposé dans la charte constitutionnelle. Ainsi le Sénégal pourra renouveler tous les douze ans son personnel politique et éviter l’émergence ou sinon le maintien perpétuel au pouvoir d’une caste d’hommes et de femmes politiques professionnels. Cette discontinuité personnelle assurera au Sénégal une continuité institutionnelle.


Les candidats indépendants aux élections (locales, législatives et présidentielles) devront rassembler un certain nombre de signatures, apporter comme caution une forte somme d’argent dont l’origine est licite et faire acte de candidature au moins un an jour pour jour avant la tenue des élections auxquelles ils comptent prendre part.


Le programme et la charte de chaque parti politique sera soumis à un contrôle de constitutionnalité et de légalité. Les partis dont le programme ou la charte contiennent des dispositions contraires à la Constitution, aux lois et règlements du Sénégal seront dissous par le Conseil Constitutionnel.


Ainsi pourrons-nous avoir moins d’une demi-douzaine de formations politiques représentatives et dépositaires légitime d’un idéal politique citoyen conforme à la Constitution sénégalaise dans son esprit comme dans sa lettre. Les partis politiques seront alors institutionnalisés, leur  financement sera public et leur fonctionnement démocratique. Les campagnes électorales cesseront alors d’être des séances de « sabar » ou de « tannebéer » et deviendront des exercices de questionnement pertinent des candidats, d’analyse des discours des candidats et d’interactions réelles entre électeurs et candidats. Le jeu politique lui-même cessera d’être du folklore et deviendra un exercice rationnel de délibération des élus du peuple et de participation des citoyens. Et les électeurs voteront selon le modèle de Michigan (identification partisane, personnalité des candidats et orientation sur les questions de fond). Je reviendrai plus amplement sur ce dernier point dans mon prochain post.




Abd El Kader Niang


Analyste politique

 L'auteur Abd El Kader Niang

Manifeste pour la mise en œuvre d’une stratégie nationale de lutte anti-terroriste


La présence dans la zone saharo-sahélienne de groupes armés supposés affiliés au réseau, terroriste transnational Al-Qaïda, l’effervescence dans les pays du monde arabo-musulman , la chute du régime de Kadhafi, l’érosion du monopole  de la violence physique légitime de l’État malien , l’instabilité politique constante en Mauritanie, la porosité de nos frontières et plus récemment notre intervention armée dans la guerre de l’Azawad sont autant d’arguments qui font que le Sénégal est un pays qui est appelé à mettre en œuvre une stratégie de lutte adéquate contre le terrorisme afin de parer à toute éventualité et de répondre de manière efficace aux besoins en sécurité des populations civiles sans pour autant verser dans une obsession sécuritaire, qui pourrait nuire à notre économie et au libre exercice des droits civiques élémentaires et libertés fondamentales que la Constitution nous garantit.


Cette stratégie nationale de lutte anti-terroriste peut s’appuyer sur les deux principales formes de dissuasion classique: la prévention et la répression.


La dissuasion préventive sera alors une stratégie de lutte contre le terrorisme qui met l’accent sur la communication. C'est-à-dire il s’agira de faire comprendre aux groupuscules ou réseaux terroristes qui veulent s’en prendre au Sénégal, à ces citoyens et/ou à ses intérêts vitaux et/ou stratégiques qu’il ne vaut pas la peine de tenter quoi que ce soit contre le Sénégal, ces citoyens et/ou ses intérêts vitaux et/ou stratégiques dans la mesure où les forces sénégalaises de sécurité et défense ne leur permettront pas d’en arriver à nous menacer dans notre intégrité et/ou de nuire à nos intérêts.


La dissuasion répressive ou punitive quant à elle consistera à faire comprendre aux ennemis potentiels du Sénégal que constituent les groupuscules et réseaux terroristes, qu’il ne sert à rien de vouloir s’en prendre au Sénégal, à ces citoyens et/ou à ses intérêts vitaux et/ou stratégiques dans la mesure où le Sénégal saura ,en cas d’attaque ennemie ou attentat contre son territoire, ses citoyens et/ou ses intérêts, traquer les auteurs de cette agression et les traduire en justice, le cas contraire organiser une campagne de représailles armées cinglantes, asymétriques et inouïes aux fins de garantir l’intégrité du territoire sénégalais, la sécurité des citoyens sénégalais et la sauvegarde de ses intérêts.


La mise en œuvre de la stratégie nationale de lutte contre le terrorisme présuppose une profonde restructuration des nos forces de sécurité et de défense telle que je l’ai suggérée dans mes posts antérieurs  afférents à la politique de sécurité du Sénégal (voir les liens suivants).








En outre de ces propositions, la création  d’un corps paramilitaire de garde-frontière avec comme tutelle le ministère de l’intérieur s’avère nécessaire pour ainsi garantir l’imperméabilité de nos frontières terrestres pour les terroristes, criminels, immigrants clandestins et trafiquants.




Abd El Kader Niang


Analyste politique 

 L'auteur Abd El Kader Niang

La Crise au Mali


Diplômé des sciences politiques et juridiques des Universités de Francfort sur le Main, de Lumière II de Lyon et de l´Institut européen de Sarrebruck en Allemagne, Souleymane Sokome qui est de nationalité sénégalaise ne cesse de revendiquer son patriotisme. Très loin de son pays natal, l´actualité africaine ne lui reste pas indifférent. Le jeune juriste et politologue nous livre son point de vue sur la situation qui prévaut actuellement au Mali, la participation de l´armée sénégalaise aux opérations en cours au Mali avec ses conséquences et les responsables du conflit armé.

Bonjour Mr. Sokome, merci d’avoir bien voulu prendre part à ce premier numéro de l’émission Protubérances de l’année 2013.

Vous suivez de près l’actualité politique africaine et plus exactement l’actualité politique ouest-africaine, que pensez vous de la situation qui prévaut actuellement au Mali?
Avant tout d´abord, permettez-moi de rappeler au peuple Malien que tous les fils d´Afrique sont unis derrière eux. Le Mali est un pays qui a vu naitre de grandes personnalités dont notamment l´homme le plus riche en histoire qui est Mansa Musa. C´est un pays qui ne devait pas brûler car il symbolise la vitrine traditionnelle africaine.
Donc la situation qui prévaut actuellement dans ce pays frère constitue non seulement une menace à la paix sous-régionale mais aussi africaine. Depuis le coup d’état du 22 mars 2012, le pays reste instable. La présence de trois forces armées rivales compromet la paix et la stabilité du pays. D´une part la junte militaire qui a remis en cause le processus démocratique de plusieurs années, qui est aussi la source de tous les maux dont souffre aujourd´hui le Mali, d´autre part la rébellion touareg appuyée par les « fous d´Allah » qui poursuit son offensive dans le nord et l´armée régulière, fidèle au Président sortant Amadou Toumani Touré, qui est hostile à toute réconciliation nationale. Le Mali est entre le marteau de ces trois forces armées et l´enclume de la CEDEAO et de la communauté internationale qui tardent à réagir pour libérer le pays. Ce qui constitue un danger pour le processus de paix au Mali. L´armée malienne, divisée, mal organisée et mal équipée, n´a aucune présence au nord et se trouve aujourd´hui dans l´incapacité militaire de faire face à ces groupes ou de libérer la partie nord de leur emprise. La situation est très alarmante et seul un soutien extérieur massif pourra sortir du Mali de l´impasse.

Êtes-vous d’avis que la solution au dossier touareg est essentiellement militaire?
La guerre n’a jamais été une solution car préférant toujours la voie diplomatique. Mais la situation actuelle au Mali oblige à faire recours à la force armée. N´oublions pas que le mouvement rebelle touareg date de 1990 et que les touaregs sont estimés à plus d´un million de personnes répartis entre le Mali, le Niger, l´Algérie, mais aussi la Libye, le Burkina Faso et la Mauritanie. Sur le terrain les combattants sont estimés à 2000 hommes voire plus. C´est un groupe à ne pas sous-estimer, ils peuvent déstabiliser toute la région ouest-africaine si aucune mesure n´aurait été prise. Les Touaregs constituent donc une branche du vaste ensemble berbérophone qui peuple une large partie de l'Afrique du Nord-Ouest (Maghreb, Sahara et Sahel). Et vue la confusion après le coup d´Etat militaire du 22 mars 2012, les séparatistes touaregs du Mouvement national de libération de l´Azawad (MNLA) avec le soutien du mouvement islamiste supposé lié à Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) d´Ansar Dine, ne vont jamais suivre la voie diplomatique, d´ailleurs ils contrôlaient plusieurs villes du pays avant l´intervention des troupes françaises. Ils continueront à semer la terreur dans toute la région ouest-africaine, voire au delà des frontières maliennes si aucun recours militaire n´est envisageable. L´opération militaire est la seule solution même si cela causera des dégâts matériels et des pertes humaines considérables. Surtout l´opération peut durer plus que longtemps que prévue.

Certains observateurs sont d’avis que le problème touareg est plus ethnique que religieux qu’en pensez-vous?
Ce sont les deux à la fois : Ethnique parce que les touaregs soucieux de préserver leur intégrité territoriale, souhaitent assimiler leurs concitoyens d´origine touarègue au sein de leur communauté nationale. Pour cela ils veulent les acculturer et modifier profondément leurs modes de vie. Répartis sur d´immenses territoires, les touaregs n´en ont moins conservé un fort sentiment d´appartenance communautaire.
Religieux : L´islam est pratiqué par les touaregs de manière tempérée. Mais l'unité découlant de la langue et de la religion ne doit pas occulter l'existence d'une multitude de segmentations tribale, sociale et ethnique, donnant à la société touarègue un aspect fortement hiérarchisé et composite. Les touaregs qui sont aussi des protecteurs de la religion veulent instaurer la charia sur l´ensemble du Mali.

Que pensez-vous du choix du Sénégal quant à la participation de l’Armée sénégalaise aux opérations militaires en cours au Mali ?
Vous savez le Sénégal ne peut pas avoir la paix si la case de son voisin est en flamme. Le Sénégal est un territoire à la fois géostratégique et géopolitique. L´instabilité au Mali constitue un gouffre pour toute la sous-région y compris le Sénégal qui se trouve à quelques kilomètres de son voisin malien. La crise au Mali pourrait totalement reconfigurer la géopolitique sous-régionale avec une dangereuse incrustation des groupes armés. Il y a péril en la demeure et il faut agir le plus rapidement possible. Le Président de la République, son Excellence Macky SALL, a été claire en précisant que cette intervention des soldats sénégalais avait pour objectif de « protéger ses frontières » contre toute infiltration des terroristes, mais aussi pour aider l’armée malienne à reconquérir les zones du Nord occupées par les islamistes.
En outre, notre pays a toujours joué un grand rôle dans le déploiement des troupes à l’étranger. Des troupes sénégalaises sont présentes actuellement en Côte d´ivoire, au Soudan et en République démocratique du Congo. Je salue donc la décision du Gouvernement sénégalais d’envoyer nos Diambars pour libérer le Mali même si j´ai toujours un mauvais souvenir de nos militaires qui ont péri lors de la guerre du Golf en 1990. On se rappelle toujours des 92 soldats sénégalais tués suite á l´accident de l´Hercules saoudien qui les transportait.

Cette intervention directe de l’Armée sénégalaise dans ce conflit ne risque-t-elle pas d’engendrer des représailles terroristes de la part des islamistes touarègues ?
Bien sûr il y´a des risques de représailles de la part des islamistes sur notre pays. Je crois d´ailleurs notre Ministre des Affaires étrangères, Mankeur Ndiaye est très conscient de cela. Maintenant c´est au Gouvernement du Sénégal de prendre toute la responsabilité de son engagement dans le conflit en sécurisant les frontières contre une éventuelle infiltration des groupes armés. Mieux vaut prévenir que guérir. Il faut parer à toute éventualité et anticiper par rapport aux événements. Ceci dit les représailles terroristes pèsent plus sur la France que sur le Sénégal. Les islamistes détiennent des otages français et c´est ça le drame. Il faut prendre les propos du groupe islamiste Ansar Dine très au sérieux lorsque celui-ci menace la France de représailles.  

Que vous inspirent les propos du Ministre sénégalais des Affaires Étrangères selon lesquels « il existe des cellules dormantes de réseau terroriste au Sénégal » ?
Oui il existe des cellules dormantes au Sénégal mais pas des terroristes mais des frustrés quant à l´inflation galopante, la cherté de la vie et l´inégalité sociale. Imaginez-vous la vie à Dakar est plus chère que la vie à Berlin. Le réveil de ces personnes frustrées peut être brutal pour notre pays.

La réponse militaire conjointe de la France et de certains pays de la CEDEAO à elle seule peut apporter une solution définitive à la crise dans l’Azawad?
Non je ne pense pas car il n´y a pas de petite guerre et l´opération peut durer des années. Ce qui nécessite un large appui logistique et militaire de la communauté internationale car les islamistes sont très bien armés et ils connaissent mieux le terrain, ils peuvent reculer pour mieux sauter. Je ne vois pas de solution rapide, on risque de voir un Afghanistan à l´africain. On assiste déjà à un afflux d´islamistes, de djihadistes, de salafistes venus du Nigeria, de la Somalie, du Soudan, de la Mauritanie et du Niger. Une plateforme de forces islamistes terroristes est déjà installée au nord du Mali à cause du mutisme de la communauté internationale qui a tardé à réagir à temps. Ce qui constitue un grand problème pour la région. Un autre conflit armé risque de s´installer dans la durée. Le Mouvement National de libération de l´Azawad est très puissamment structuré et armé avec le soutien de certains pays arabes.

Personnellement êtes-vous convaincu des capacités militaires et policières des pays ouest-africains à lutter efficacement contre le terrorisme islamiste en particulier et les autres nouveaux types de menace qui pèsent sur la sous-région en général (criminalité transfrontalière, le trafic international de drogue, le commerce illégal des armes etc.…)
Non car la plupart des armées africaines sont mal équipées et mal commandées. Je pense que le Général américain Carter F. Ham a raison d´avoir un doute « sur les capacités d'une force conjointe africaine à mener seule une action militaire au Mali.
L´état de déliquescence des armées africaines est si avancé que n´importe quel mouvement armé disposant de quelques Kalachnikov est capable de les mettre en déroute. Nos armées sont trop vieilles et doivent être modernisées.  Il n'y a quasiment aucun pays qui possède un système de défense équipé de missiles anti-aériens modernes. On a toujours recours aux canons antiaériens. Et aucun pays n'a accès à des satellites capables de le renseigner sur les mouvements de personnes ou d'aéronefs suspects dans son espace aérien sans l'aide de forces étrangères. La preuve, l´armée malienne a été chassée de Kidal, Gao et Tombouctou en moins de trois mois après avoir abandonné armes, bagages et munitions aux mains des islamistes. De nos jours aucune armée africaine n´est en mesure de défendre son propre territoire national en cas d´attaques. Comment est-il possible que de nos jours on ne trouve aucun centre d´études stratégiques et internationales dans les pays francophones d´Afrique? Le seul Centre d´études stratégiques de l´Afrique se trouve à Washington avec des bureaux régionaux à Addis-Abeba et à Dakar. Le Centre est une composante de l´Université de la défense nationale américaine.
Un autre problème comme disait le Président Macky SALL dans une interview accordée á Jeune Afrique ce sont « les frontières poreuses entre les pays africains ». Ces frontières constituent un gros handicap pour lutter efficacement contre le terrorisme, la criminalité transfrontalière, le trafic international de la drogue et le commerce illégale des armes. Le contrôle des frontières et la lutte contre le terrorisme, la criminalité, le trafic de la drogue et le commerce illégal des armes exigent des moyens humains, matériels et financiers importants. Ces moyens sont hors de portée des Etats ouest-africains pris individuellement. En outre le manque de coopération au niveau national et sous-régional ne facilite pas aussi les choses.
Néanmoins, il faut saluer la volonté et la détermination des pays de la CEDEAO à aider le Mali pour son unité.

Ne voyez-vous dans ce problème une conséquence indirecte de la chute du régime du Colonel Kadhafi ?
La chute du régime du Colonel Kadhafi est une onde de choc qui déstabilise non seulement l´Afrique mais en particulier le Mali. Jacques Hogard, le spécialiste des questions sécuritaires en Afrique n´a pas tord en déclarant que « Les Touareg qui se battaient aux côtés de Kadhafi sont rentrés dans leur pays d’origine qui est le Mali avec un armement très important et des munitions. Finalement, les rebelles touaregs du Nord-Mali qui réglaient le conflit à l’amiable avec le Président Amadou Toumani Touré, ont pris des décisions qu’ils n’avaient jamais prises auparavant en déclarant l’indépendance de l’Azawad ». Mais moi personnellement je pense que le principal responsable de la situation qui prévaut actuellement au Mali est le capitaine Sanogo qui est la cause principale des maux de l´Etat malien. Il a motivé les différents groupes armés à déstabiliser le Mali. Le coup d´Etat du 22 mars 2012 n´était pas nécessaire.

A votre avis si la chute du régime de Kadhafi est imputable à l’intervention armée d’une alliance américano-franco-britannique dans ce conflit, ne voyez pas alors la responsabilité indirecte de la France, de la Grande-Bretagne et des USA dans l’invasion touarègue dont est victime le Mali ?
Oui je vois d´une part la responsabilité de ces pays, car il y avait aucune réflexion en avance aux conséquences que pourrait engendrée la guerre en Lybie. Kadhafi est parti mais l´insécurité reste dans le Sahel. La chute du régime du colonel Kadhafi serait donc pour moi l´un des éléments déclencheurs du conflit malien mais pas l´unique facteur de la crise actuelle.

Quelle est la part de responsabilité du Général Amadou Toumani Touré dans la défaite des forces armées maliennes au printemps dernier ? Aurait-il manqué de fermeté dans ce dossier ? N’aurait-il pas méprisé l’impact que pouvait avoir la chute du régime libyen au niveau géostratégique?
Celui qui règne par les armes périra ou quittera par les armes. En 1991 Amadou Toumani Touré chasse du pouvoir par un coup d'Etat militaire, le dictateur Moussa Traoré - au pouvoir depuis 22 ans - qui venait de réprimer dans le sang des manifestations. Même si le coup d´Etat était nécessaire á l´époque, Amadou Toumani Touré n´as pas réussi sa politique de cohésion sociale dans l´armée mais aussi au sein de son propre gouvernement. Son mutisme c´est á dire le manque de communication était son point faible. Il était impossible pour lui de tenir des dates de consultations. Il n´était pas un Président qui prenait des décisions fermes. Par contre il était très conscient de l´impact que pourrait avoir la chute du régime Kadhafi au niveau géostratégique mais son départ de la présidence le démotivait pour prendre toute mesure préventive. Certains maliens le considèrent aujourd´hui celui qui a libéré le Mali de la dictature de 1991 mais aussi celui qui a trahi le pays, car étant loin de la misère et de la souffrance du peuple.
 L'auteur Abd El Kader Niang

Proposition pour la Réorganisation du Système Educatif Sénégalais


Le présent programme est l’abrégé d’un ensemble de mesures politiques, juridiques, économiques et sociales qui ont pour objectif, dans le court et moyen terme, de réorganiser le système éducatif sénégalais et de le faire sortir de cet état de léthargie dans lequel il est plongé depuis plus d’une décennie.


Le programme s’articule sur 15 points jugés on ne plus nécessaires et s’adresse à l’ensemble des acteurs du secteur  de l’éducation: le gouvernement, les collectivités locales, les syndicats d’enseignants, les parents d’élèves, les professeurs, les élèves, les étudiants, la société civile, les mouvements citoyens, les entreprises privées, et les particuliers mus par un ardent désir de participer activement à l’ébauche d’une école sénégalaise performante, rentable et en adéquation avec nos réalités socioculturelles et besoins.


Les quinze points du programme sont les suivants :


1. La scolarité doit être obligatoire et systématique sur toute l’étendue du territoire national dès l’âge de quatre ans jusqu’à l’obtention du baccalauréat ou d’un diplôme équivalent pour les tous enfants nés citoyens sénégalais ou nés de parents étrangers sur le sol sénégalais.


A cette obligation de scolarité doit correspondre un droit opposable à l’éducation  pour l’enfant. Le(s) parent(s) ou tuteur(s) de l’enfant mineur peut/peuvent et doit/doivent faire valoir ce droit devant les autorités sénégalaises compétentes administrative et judiciaire en vue de faire octroyer à l’enfant mineur une place dans un établissement d’enseignement public.


Les pouvoirs publics doivent s’engager à faire respecter cette obligation de scolarité et si besoin est, de recourir à la force. Toute pratique contrevenant à cette disposition est passible de poursuites judiciaires.


2. L’enseignement est public, laïc et gratuit du préscolaire au supérieur.


3. Le Gouvernement de la République du Sénégal doit s’engager à construire des logements de fonction confortables à proximité des collèges, lycées et universités pour le corps enseignant, à payer aux professeurs un salaire décent et à les mettre dans des conditions de travail optimales.


4. En échange les grèves d’enseignants sont formellement interdites et réprimées par la loi.


5. Le Gouvernement de la République du Sénégal doit s’engager à construire des campus pour y loger les collégiens, lycéens et étudiants afin de les mettre dans des conditions d’hébergement optimales. En plus de l’hébergement les centres régionaux des œuvres sociales universitaires et scolaires doivent prendre en charge la restauration et l’assurance-maladie des collégiens, lycéens et étudiants.


6. Les allocations d’études supérieures doivent être attribuées à taux plein sur la base d’un prêt bancaire public remboursable sans intérêt dès le début de la vie professionnelle du bénéficiaire.


L’allocation de la bourse d’études supérieures doit être automatique dès lors que l’étudiant est régulièrement inscrit en première année dans une faculté, institut ou école d’un établissement d’enseignement supérieur public au Sénégal.


L’allocation de la bourse d’études supérieures couvre toute la durée du cursus universitaire de l’étudiant (sauf en cas d’abandon des études, de redoublement, d’insuffisance scolaire, d’indiscipline grave ou caractérisée ou d’incapacité définitive d’étudier).


Le contrat de location dans une résidence universitaire couvre toute la durée du cursus universitaire de l’étudiant (sauf en cas d’abandon des études, de redoublement, d’insuffisance scolaire, d’indiscipline grave ou caractérisée, d’incapacité définitive d’étudier ou de manquement aux clauses du contrat de location).


La bourse d’étude secondaire ne peut être attribuée aux collégiens et lycéens que si le requérant se trouve dans une situation de cas social grave. Dans ce cas de figure l’allocation de la bourse d’études secondaires ne couvre que la période de situation exceptionnelle de ce dernier. La collectivité locale abritant l’établissement d’enseignement public où le bénéficiaire est inscrit prend en charge le remboursement sans intérêt de la totalité de la somme perçue par l’élève boursier.


8. Les « grèves » d’élèves et d’étudiants sont formellement interdites et passibles de renvoi temporaire ou définitif selon la circonstance.


9. Le certificat de fin d’études primaires et élémentaires, le concours d’entrée en sixième et le brevet de fin d’études moyennes doivent être définitivement supprimés. Une note égale ou supérieure à la moyenne suffira pour passer en classe supérieure.


10. L’enseignement de la philosophie doit être introduit dès la classe de seconde dans les séries littéraires.


L’enseignement des matières scientifiques dans les séries littéraires est contingent et donc doit être supprimé.


A l’exception de l’anglais pratique et des techniques d’expression et de communication, l’enseignement de matières littéraires dans les séries scientifiques est  contingent et doit être supprimé.


Des cours de conduite automobile théorique et pratique doivent être dispensés dès la classe de seconde. Une fois en classe de première les lycéens pourront alors passer le permis.
11. Le Gouvernement de la République du Sénégal doit mettre davantage l’accent sur l’apprentissage des matières scientifiques et l’enseignement technique et professionnel.
Dans un futur proche chaque département du Sénégal devra disposer d’un lycée polytechnique et chaque région d’une université polytechnique.


12. En lieu et place du redoublement, le conseil de classe peut proposer à l’élève en difficulté une admission conditionnelle. Dans ce cas de figure l’élève doit reprendre la ou les matières où il accuse de contre-performances.


13. Le centre national d’orientation scolaire et professionnelle doit servir de service de conseil psychologique et d’assistance dans le choix d’une carrière pour les élèves.


14. La calendrier académique doit être réaménagé de manière à réduire les fêtes et jours de congé excessifs. Durant les vacances de fin d’année scolaire, les élèves doivent être occupés dans le cadre d’activités récréatives, productives et utiles à la société.


15. Les entreprises privées seront mises à contribution pour participer au financement du système éducatif en plus du budget de l’éducation nationale dégagé par le Gouvernement de la République du Sénégal et des subventions octroyées par les collectivités locales.




Abd El Kader Niang


Analyste politique










  







 L'auteur Abd El Kader Niang

Réorganisation de la sécurité civile et restructuration du Groupement National des Sapeurs-Pompiers.


Dans un article intitulé « Réorganisation des Forces Armées Sénégalaises » et publié dans mon blog sur seneweb.com le 05. Janvier 2012, je faisais état de la nécessité de  réorganiser la protection civile et de restructurer le Groupement National des Sapeurs-Pompiers du Sénégal. Il s’agissait pour moi de soulever un débat citoyen sur les exigences modernes en termes de protection et de sécurité civiles pour ainsi inviter les pouvoirs publics à se pencher sur la question.


Les mesures annoncées par l’actuel ministre de l’intérieur, le Général Pathé Seck, quant à « la mise en œuvre du projet d’appui à la création de la Brigade Nationale des Sapeurs-Pompiers »[1] en 2013, semblent résonner comme un écho favorable à ma proposition. Je salue au passage les efforts déployés par le Général Seck dans le cadre du « projet de prévention et de lutte contre les incendies dans les marchés et les accidents causés par la foudre et du projet d’acquisition et d’installation sur site de paratonnerres »[2]. Cependant je réitère ma proposition qui est la suivante :


Le Groupement National des Sapeurs Pompiers doit être scindé en deux branches:


Un corps médical composé d’un personnel soignant exclusivement militaire (urgentistes, chirurgiens, anesthésistes, généralistes, pharmaciens, infirmiers et ambulanciers) et un corps appelé Pyrobrigade spécialisé dans la lutte contre les feux et les incendies de tous genres.


Le GNSP en tant que corps d’arme autonome et polyvalent disposera :


- d’une propre compagnie spéciale d’instruction où les jeunes recrues de la branche pyrobrigade seront formés aux techniques de lutte contre les incendies simultanément à leur formation militaire de base;


- d’une division composée de maîtres nageurs sauveteurs, de surveillants de plage et de plongeurs scaphandriers ;


- d’un centre de formation et perfectionnement en natation et en parachutisme ;


- d’une propre école militaire de santé pour la formation du personnel de la branche médicale ;


- d’un propre corps de génie militaire pour parer à toute éventualité par rapport à la nature du terrain d’intervention des éléments du GNSP ;


- d’un service de déminage et de pyrotechnie


- et d’une division de lutte contre les périls à caractère atomique, biologique et chimique.




Le GNSP sera alors commandé par un Général de Corps d'Armée issu des rangs des Sapeurs-Pompiers, qui sera le Haut-Commandant du GNSP et Directeur Général de la Protection Civile. En cas de péril majeur il assure le commandement sur toutes les composantes civiles et militaires des services de sécurité civile.


En guise de dissuasion préventive la Direction Générale de la Protection Civile fera régulièrement passer dans les médias publics et privés et sur les réseaux sociaux des spots publicitaires à des fins pyroprophylaxiques (prévention des incendies).






Abd El Kader Niang




Analyste politique


  





[1] http://www.seneweb.com/news/Justice/pathe-seck-annonce-4-milliards-pour-ameliorer-le-travail-des-policiers_n_82573.html




[2] http://www.seneweb.com/news/Justice/pathe-seck-annonce-4-milliards-pour-ameliorer-le-travail-des-policiers_n_82573.html
 L'auteur Abd El Kader Niang

La triade du développement humain et social.


L’absence de ressources minières considérables, la prédation intensive de nos ressources halieutiques par des sociétés étrangères, la désertification graduelle et l’émigration massive des sénégalais entre autres doivent interpeller la conscience de plus d’un sur le devenir du Sénégal et de ses citoyens. Si la stabilité politique du Sénégal constitue un atout majeur, force est de reconnaître que le marasme économique qui sévit actuellement au Sénégal, fait qu’il est quasi impossible pour bon nombre de nos compatriotes de s’imaginer un avenir au Sénégal. Le manque de perspectives semble condamner la majorité des sénégalais à l’exil. Dans ce contexte il urge d’entreprendre des mesures de redressement pour venir à bout de cette situation alarmante. Il ne s’agit pas ici pour moi d’exposer ma pensée politique dans tout son ensemble, mais plutôt de faire seulement une brève esquisse de ce qui constitue le fondement du développement de toute société humaine. Et donc dans cette optique on pourra dans un temps ultérieur réfléchir sur les voies et moyens à utiliser pour trouver des solutions adéquates aux problèmes soulevés au début de cet exposé.


Il nous faut au Sénégal tout d’abord une santé publique de qualité et accessible à toutes les couches sociales, une autosuffisance alimentaire générale et une éducation pour tous.


Une santé publique de qualité et accessible à toutes les couches sociales sous-entend un investissement financier massif de la part du gouvernement et des collectivités locales. Autrement dit le budget affecté à la santé publique doit être considérablement revu à la hausse. Et pour ce l’État doit consentir à faire des sacrifices dans d’autres domaines, faire preuve de rigueur budgétaire et de discipline financière pour pouvoir soutenir le secteur de la santé avec les économies faites çà et là.
Les entreprises publiques et parapubliques doivent être mises à contribution pour pouvoir dégager des fonds supplémentaires qui seront ensuite alloués au ministère de la santé. Le gouvernement peut aussi parallèlement à cela obtenir des entreprises privées dans le cadre d’un public private partnership le concours financier de ces dernières en échanges d’exonérations fiscales par exemple.


La gestion rationnelle des dépenses municipales, l’audit physique du personnel des collectivités locales et la diversification des apports en sus de la perception effective des taxes municipales peuvent permettre de mettre sur place un système de péréquation et de stabilisation des frais de santé des populations au niveau local.


La suppression des départements ministériels superflus, des institutions budgétivores et des agences nationales inutiles permettront sans nul doute de mettre sur pied un système de subvention des produits pharmaceutiques à l’échelle nationale.


L’autosuffisance alimentaire générale présuppose une rééducation des habitudes alimentaires sénégalaises dans le sens de la consommation des céréales locales et des produits agro-alimentaires made in senegal. Il est inconcevable qu’en 2012 les sénégalais préfèrent le riz importé au riz de la Casamance ou à celui du Delta du Fleuve Sénégal! Pour lutter contre ce phénomène antipatriote il incombe aux pouvoirs publics d’éduquer les sénégalais dès le bas-âge à consommer ce qui est produit et cultivé au Sénégal. Une baisse progressive des quotas de riz importé tendant vers une interdiction générale d’importation de riz et une politique de subvention de la riziculture sénégalaise peuvent aider à faire développer la consommation du riz local par les sénégalais eux-mêmes et par conséquent à redynamiser la production rizicole nationale.  
L’allocation de subventions publiques peut contribuer à faire développer le secteur de l’agriculture et de l’élevage de manière intensive. Le recouvrement des deniers publics détournés, la réduction considérable du budget de la Présidence de la République, la baisse du train de vie de l’État et la suppression des fonds politiques alloués à certains responsables peuvent constituer une manne financière pour subventionner l’économie rurale du Sénégal.


Si réellement 40% du budget de l’État du Sénégal sont consacrés à l’éducation, la crise que l’école sénégalaise traverse ne s’explique pas alors. Un tel pourcentage aurait logiquement pu permettre de redorer le blason de notre système éducatif et de lui restituer son lustre d’antan. Donc dans ce cas de figure un audit du Ministère de l’Éducation Nationale est plus qu’impératif.
Admettons que 40% du budget soient effectivement affectés aux dépenses d’éducation. Il y aura donc suffisamment de quoi payer le corps enseignant et le personnel administratifs des lycées et collèges publics du Sénégal. Et dans ce cas de figure les grèves intempestives des enseignants seront évitables. Les établissements d’enseignement public du Sénégal devront être convenablement outillés en matériels didactiques et suffisamment en salles pédagogiques. Les vacataires et autres volontaires pourront être titularisés. Le système éducatif pourra être reboosté de manière à le rendre plus efficient et adapté aux besoins de la société sénégalaise.



Abd El Kader Niang
Analyste politique

 L'auteur Abd El Kader Niang

Vers une redéfinition de la politique étrangère et de défense du Sénégal dans la sous-région ouest-africaine.


Afin de garantir la pérennité de la stabilité politique intérieure du Sénégal et d’assurer la sécurité des personnes et des biens au Sénégal, dans un contexte d’instabilité et d’insécurité dans la sous-région ouest-africaine, il est impératif que le Gouvernement de la République du Sénégal redéfinisse d’une part sa politique étrangère par rapport aux pays limitrophes et d’autre part sa politique de défense d’une manière générale. Pour atteindre ces objectifs stratégiques et vitaux, le Sénégal doit en premier lieu œuvrer pour l’avènement d’une conscience politique large au sein de la société afro-mauritanienne, une démocratisation de la société mauritanienne dans sa globalité, la naissance d’une société civile attentive sur les questions de respect de droits fondamentaux de l’être humain et la montée d’une élite politique afro-mauritanienne favorable aux intérêts géostratégiques du Sénégal. Pour ce faire la diplomatie sénégalaise doit s’activer de manière coercitive dans le cadre de l’Union Africaine et des Nations-Unies dans le sens à obtenir de la part des autorités mauritaniennes un jeu politique transparent, démocratique et libéral. Parallèlement à cela le Sénégal doit aussi de manière unilatérale se préserver un droit de regard sur le jeu politique mauritanien quant aux aspirations et droits fondamentaux des entités ethnolinguistiques issues de l’éthos sénégambien. Dans cette optique les organismes mauritaniens de respect des droits de l’homme et les partis d’opposition favorables au Sénégal doivent être soutenus par le Sénégal aussi bien sur le plan politique, financier que logistique. L’objectif principal de cette démarche est d’arriver à un Black Empowerment sur tous les plans en Mauritanie. En effet seul une  Mauritanie afro-nègre, panafricaine, afrocentriste, démocratique, libre, indépendante et affranchie de la servitude arabo-berbère peut garantir la sécurité, la paix et bonne entente au nord du Sénégal. Dans ce cas de figure le Sénégal peut compter sur son voisin, frère et ami dans le cadre de la gestion bilatérale des ressources halieutiques sur la façade atlantique, de la mise en valeur du fleuve Sénégal et de la lutte contre le terrorisme et la criminalité transfrontalière. Dans le cas où les despotes berbères en place en Mauritanie s’obstinent à ne pas octroyer au peuple mauritanien souverain, majoritairement négro-africain, son droit fondamental à l’autodétermination, le Sénégal se doit alors d’intervenir afin de venir en aide à la population civile asservie, opprimée et tyrannisée par la violence d’une domination étrangère et illégitime. Cette intervention peut être indirecte, c'est-à-dire elle se limite à un soutien politique, diplomatique, militaire et financier aux Forces de Libération Africaines de la Mauritanie, seule organisation légitime et représentative de la majorité négro-mauritanienne. Une fois au pouvoir les FLAM vont parfaire la politique de Black Empowerment initiée par le Sénégal et ainsi extraire la Mauritanie de la Ligue Arabe et de l’Union du Maghreb Arabe pour l’incorporer dans la CEDEAO, l’UEMOA et la Francophonie.  Une politique d’exportation culturelle massive de la part du Sénégal permettra alors de désarabiser et de ré-africaniser la société mauritanienne.   En ce qui concerne la Gambie, le Sénégal doit concentrer ses efforts diplomatiques afin d’obtenir le départ immédiat de Yahya Jammeh de gré ou de force et la démilitarisation du pouvoir politique en Gambie. Pour cela le Sénégal doit s’atteler à discréditer le président gambien et sa clique auprès de l’opinion publique internationale par une campagne de dénigrement ciblée et virulente. A cela s’ajoutera une diabolisation de la junte militaire au pouvoir en Gambie auprès des USA, de la Grande-Bretagne, de l’Union Européenne, du Canada, de l’Afrique du Sud, des pays scandinaves et de tous es bailleurs de fonds de la Gambie en vue d’atteindre l’isolement du régime gambien sur la scène publique internationale et l’asphyxie économique de la junte. Le Sénégal doit d’une part user de sa position géographique afin de pouvoir faire peser la menace constante d’un blocus sur l’économie gambienne et d’autre part soutenir la société civile, la presse, l’opposition et les syndicats en Gambie de manière à faire survenir une alternance démocratique et pacifique dans cette enclave. Une pression diplomatique internationale initiée par le Sénégal amènera le régime gambien à quitter le pouvoir et faire place à une élite jeune, responsable et soucieuse de l’avenir de la Gambie. Et c’est dans ce contexte que le Sénégal en profitera pour mettre fin au soutien de la Gambie aux rebelles du Mouvement des Forces Démocratiques de la Casamance et renforcer le partenariat et la coopération entre nos deux pays. Cette coopération permettra au Sénégal d’entretenir une présence militaire permanente en Gambie afin d’assurer notre sécurité et notre intégrité territoriale à partir de l’extérieur et de garantir la sécurité de la Gambie contre toute menace armée interne ou externe.   Pour ce qui est de la Guinée-Bissau, le Sénégal doit en accord avec les acteurs majeurs de l’espace lusophone que sont le Brésil et l’Angola aider à mettre sur place des structures démocratiques, fonctionnelles et fiables afin d’encadrer la genèse de ce jeune État à notre frontière sud. Une bonne politique d’éducation, de santé publique et de formation professionnelle peuvent permettre l’avènement d’une jeunesse bissau-guinéenne consciente et apte à œuvrer pour la stabilité et le développement de ce pays. Mais cette entreprise sous-entend un engagement sans faille du Sénégal dans le processus de démocratisation de la Guinée-Bissau, de la démilitarisation de la politique bissau-guinéenne, de création d’une société civile avisée et d’une presse consciente de sa mission dans la société. Le retour de la paix et de la sécurité en Guinée-Bissau permettra la relance de l’activité touristique, de l’économie agricole et l’exploitation du sous-sol avec le soutien du Sénégal.  Une reprise de l’activité économique permettra progressivement de lutter contre la pauvreté, la corruption et le trafic international de drogue, maux auxquels ce pays fait face depuis plusieurs décennies. Le Sénégal pourra en faveur de l’évolution positive des choses en Guinée-Bissau profiter de l’occasion pour signer avec les autorités locales des accords de défense et d’assistance mutuelle, lesquels permettront au Sénégal d’assurer sa présence militaire sur le sol bissau-guinéen. Ainsi pourrons-nous assurer la sécurité sur la partie sud de notre territoire à partir du sol bissau-guinéen et aider le gouvernement bissau-guinéen à lutter contre les mutineries, insurrections ou éventuels troubles du genre.  Notre présence militaire de part et d’autre de la frontière avec la Région Naturelle de Casamance, combinée à des opérations militaires d’envergure contre les positions du MFDC pourront aider à venir à bout de la cette rébellion, mettre fin à l’insécurité dans la partie méridionale du Sénégal et à la criminalité transfrontalière qui sévit dans cette zone.  Le retour définitif de la paix en Casamance va sans nul doute participer à accélérer la croissance économique du Sénégal et de ses régions méridionales.   Et s’agissant du Mali, le Sénégal doit s’abstenir de toute intervention militaire directe sur le sol malien dans le cadre d’une action internationale dirigée contre l’invasion touareg et/ou leurs alliés, les combattants djihadistes d’Al-Qaïda au Maghreb Islamique. Dans la mesure où le Conseil de Sécurité des Nations-Unies, la CEDEAO et l’Union Africaine ont mis du temps à élaborer les bases d’une stratégie en vue d’une intervention au Mali et du fait de la porosité de nos frontières, une participation du Sénégal dans une opération militaire internationale au Mali peut exposer le territoire sénégalais et les citoyens sénégalais à des représailles terroristes. En d’autres termes le Sénégal ne peut pas se permettre de troquer sa sécurité et celle de ses ressortissants contre l’intégrité territoriale du Mali. Ceci-dit le Sénégal doit pour parer à toute éventualité redéfinir sa carte militaire en mettant l’accent sur la capacité et la disposition des troupes de combat sur les zones frontalières avec le Mali avec à la clé une fortification des zones de transit terrestre. Pour accroître la sécurité à nos frontières avec le Mali, en particulier, et pour assurer l’imperméabilité des nos frontières terrestres à toutes structures terroristes ou criminelles d’une manière générale, le Sénégal doit mettre sur pied un Corps de Garde Frontières dépendant du Ministère de l’Intérieur. Ledit corps travaillera de pair avec la Direction de la Surveillance du Territoire et les Renseignements Généraux afin d’assurer la sécurité de nos frontières. Encore une fois une coopération plus étroite entre les différents services de l’État s’avère nécessaire.    Abd El Kader Niang Analyste politique        
 L'auteur Abd El Kader Niang

Restructuration de la Police Nationale et Réorganisation de la Communauté du Renseignement.


Je salue certes le départ de Mbaye Ndiaye du Ministère de l’Intérieur et me réjouis par la même de son remplacement par le Général de Corps d’Armée Pathé Seck à la tête de cet important département ministériel. En effet un changement de personnel s’imposait à ce poste, vu les carences dont Mr Mbaye Ndiaye faisait montre. Mais toutefois force est de constater que le déficit sécuritaire du Sénégal est loin d’être réglé!


En outre d’une simple rupture personnelle à la Place Washington, les citoyens sénégalais, dans leur grande majorité, aspirent à une rupture de méthodes dans la gestion de leur sécurité. Et dans ce cas de figure la question qui se pose est la suivante: les forces de sécurité intérieure à savoir la police et la gendarmerie disposent-elles de moyens humains, juridiques, logistiques et financiers suffisants pour s’acquitter correctement de la mission qui leur est assignée? Le climat d’insécurité persistante dans les villes, les événements survenus le 22 octobre en plein milieu de Dakar et la violence permanente dans les stades semblent corroborer la thèse selon laquelle il y a bien des carences en matière de sécurité actuellement au Sénégal. Au fait comment se fait-il que plusieurs centaines d’individus malintentionnés puissent pendant des heures mettre la capitale sénégalaise sens dessus dessous sans qu’il n’y ait une réaction immédiate, coordonnée et ferme de la part des forces de sécurité ? Les services de renseignements généraux n’ont-ils pas été aux aguets pour anticiper sur les événements ?


Un rapport objectif émanant d’une commission d’enquête administrative pourrait certainement mieux nous élucider sur les dysfonctionnements au sein des forces de sécurité lors des manifs du 22 octobre 2012.


Ceci dit le Général Pathé Seck a pour mission de restructurer la Police Nationale dans toutes ses composantes et de réorganiser la communauté du renseignement en particulier. A cet effet il urge de doter la Police Nationale d’une compagnie spéciale d’instruction pour former les jeunes appelés aux missions d’auxiliaires de police simultanément à leur formation militaire de base. La création une Ecole Nationale des Sous-Officiers de Police s’avère nécessaire tout comme tout comme la création d’une Académie de Police chargée de la formation des Officiers de Police. Tous les agents de la police doivent subir une formation en droit, en psychologie et en criminologie. Le recrutement doit-être spécifié par rapport aux besoins des services de police c'est-à-dire adapté aux exigences sécuritaires du moment. Mais au demeurant la police devra donc recruter en permanence des juristes diplômés, des linguistes polyglottes, des experts comptables, des ingénieurs, des informaticiens, des techniciens spécialisés etc. pour faire d’elle-même un corps d’arme complet, autonome et polyvalent.


Afin de mieux parfaire le profil, les aptitudes physiques et le savoir-faire guerrier de ses hommes et de ses femmes servant dans les unités d’élite, la police devra aussi procéder à un recrutement indirect, c'est-à-dire à recruter des éléments issus des paras, des commandos et des fusillers-marins et qui ont fini de servir dans les rangs des Armées.


La taille des effectifs de la police devra être revue à la hausse et au besoin il est tout à fait concevable de mettre sur pied un corps de policiers réservistes.


Les éléments de la police devront avoir quatre jours de service, deux jours d’entrainement et un jour de repos par semaine. Ils s’exerceront régulièrement au tir, auront un souci constant de leur forme physique et pratiqueront au moins un art martial chacun.


Une bonne prise en charge sociale et médicale, un traitement salarial adéquat et une bonne hygiène de vie peuvent permettre aux militaires de la police tous grades confondus d’être en service effectif au minimum jusqu’à l’âge de 60 ans.   


Pour mieux assurer la sécurité des citoyens et la sûreté de l’État la Police Nationale devra agir en concert avec la Gendarmerie Nationale et les Douanes.


Les services de police devront disposer d’un budget conséquent et de rallonges budgétaires suffisantes afin que crise économique n’équivaille plus à crise sécuritaire. Les troupes de police auront droit à un soutien logistique accru (véhicules adaptés à chaque type de mission, armement sophistiqué, munitions en quantité suffisante, matériels de protection, tenues neuves à intervalle régulière, moyens de communication etc.)


L’ancien schéma sécuritaire qui consistait à assurer la sécurité du Sénégal, des ses institutions et de ses citoyens seulement qu’à partir de l’intérieur du territoire national a fait son temps, il convient maintenant d’assurer notre sécurité à partir de l’extérieur de nos frontières terrestres, maritimes et aériennes. C’est ce qu’il convient d’appeler une politique de sécurité extraterritoriale.




Par souci d’efficacité la communauté du renseignement devra être réorganisée de telle sorte qu’il n’y ait au Sénégal que 03 services secrets :




- La Direction Générale de la Sûreté Nationale chargée du contre-espionnage civil et militaire.


- La Direction Générale de la Sécurité Extérieure chargée de l’espionnage civil et militaire.


- La Direction Générale de la Sécurité des Armées chargée essentiellement du contre-espionnage militaire et de la protection des infrastructures de défense.




La DGSN dépendra du Ministère de l’Intérieur, la DGSE de celui des Affaires Étrangères et la DSGA de celui des Forces Armées.  




Le Gouvernement devra s’assurer qu’il n’y ait plus de tutelle civile et bureaucratique composée de magistrats, d’inspecteurs généraux de l’État ou d’administrateurs civils pour commander les forces de police. La direction de la police devra être confiée à un officier général de la police, qui aura le rang d’un Général de Corps d’Armée et qui sera le Haut Commandant des Forces de Police et qui pourra cumulativement être le Directeur Général de la Sûreté Nationale.


  




Abd El Kader Niang


Analyste politique.

 L'auteur