Donnerstag, 27. März 2014

Le scoutisme comme cadre idéal dans l’optique d’une éducation civique des masses.

S’il est un mal dont souffre la société sénégalaise, c’est bien l’indiscipline. Et à bien des égards cette indiscipline semble être caractérisée! Pire encore, cette indiscipline nous la vivons au quotidien sans s’en rendre compte tellement qu’elle s’est insérée dans nos mœurs. Nous l’avons assimilée, l’entretenons tel un précieux legs et la perpétrons inconsciemment de génération en génération. Et d’ailleurs il faut faire preuve de discernement pour remarquer cette tare qui s’est incrustée dans notre comportement. D’ailleurs un sénégalais semble sortir de l’ordinaire lorsqu’il est discipliné! 
Cette indiscipline structurelle pour ne pas dire systémique se manifeste sous de multiples formes. Elle peut être simple, inconsciente, volontaire, caractérisée, flagrante, latente, militante, violente, complexe, criminelle etc. Le taux très élevé d’accidents sur les routes et autoroutes du Sénégal en est la parfaite illustration. Ou encore le comportement des supporters dans les stades de foot ou dans les arènes de lutte. Et ce ne sont pas les exemples qui manqueront pour mettre en exergue cet état de fait inacceptable. Loin s’en faut!
Il urge alors de remédier à cet état de fait!
Certes une bonne politique d’éducation nationale, au sens classique du terme, peut aider à aider à endiguer le phénomène ; Une répression policière et/ou pénale peut soit à titre préventif, soit à titre punitif contribuer à lutter efficacement contre ce fléau qui gangrène la société sénégalaise. Mais en plus de ces instruments, la puissance publique sénégalaise peut recourir au scoutisme pour, dès l’enfance, commencer à formater les citoyens sénégalais afin de faire d’eux des individus utiles à la société, aptes à servir la société et capables de vivre en communauté dans le respect des principes et valeurs qui fondent notre société. Le cours théorique d’instruction civique que l’on dispensait jadis à l’école primaire pourra y être développé sous son aspect théorique comme pratique. Il appartient maintenant gouvernement de la République du Sénégal à travers les ministères de la jeunesse et de l’éducation nationale à mener des réflexions allant dans le sens de cette modeste proposition.  

Abd El Kader Niang
Analyste politique


Le Noir: Un spécimen humain en danger.

Si les traites négrières successives, arabo-berbères et européennes, ont réussi a disséminé la race noire sur d’autres terres géographiquement non africaines, force est de reconnaître que l’extermination dont a été victime les Amérindiens et les Aborigènes d’Australie, nous a été épargné, Dieu merci! Nous avons survécu aux traites négrières et à la colonisation, pourra-t-on dire avec stoïcisme. Cependant le bien-être et la survie des descendants d’esclaves noirs africains aux Amériques et ailleurs sont menacés dans la mesure où, le commerce criminel de l’homme noir a certes arrêté, mais il n’a pas été décidé d’accorder à l’homme noir la possibilité d’introduire une demande de relèvement de forclusion. L’homme noir des Amériques, de l’Arabie, du Maghreb et des Indes traine encore en lui les stigmates de l’esclavage et sa condition de servitude antérieure rend difficile voire presque impossible son insertion dans la société post-esclavagiste dans laquelle il évolue. Il est soit condamné aux sots métiers ou soit astreint à faire les basses besognes. Il ne sera accepté que s’il renonce à sa dignité d’être humain et accepte de se réifier, c'est-à-dire d’être l’objet d’assouvissement de tout désir pervers. En le privant d’éducation, de couverture médicale, de protection sociale et d’accès aux ressources financières, les sociétés post-esclavagistes ont fermé au noir toute porte menant à une ascension sociale noble et vénérable. Seuls le sport et la musique lui ont été laissés ouverts, ou du moins on n’a pas pu lui fermer ces fortes. Encore que ce ne soit pas tout le monde qui réussit dans le sport ou la musique. Un stade olympique peut prendre des milliers de places, mais l’aire de jeu quant à elle ne peut juste prendre qu’une dizaine ou tout au plus une vingtaine de joueurs. Est-ce qu’on s’est déjà posé la question à savoir pourquoi les artistes-chanteurs noirs américains ont soudain la peau éclaircie et les cheveux défrisés ? Pourquoi le rôle de la personne méchante dans une télénova brésilienne est toujours interprété par un noir ? Pourquoi ne voit-on pas d’acteur noir dans un film hindou ? Pourquoi le noir danseur est plus célèbre que le noir mathématicien ou physicien ? On nous parle rarement du noir pilote de chasse durant les deux guerres dites « mondiales » ! Que savons-nous du noir propriétaire d’un brevet d’invention ?
Si le juif survivant de l’Holocauste a réussi à s’intégrer ou à réintégrer la société, qui lui avait privé de ses droits fondamentaux d’être humain, c’est parce que d’une part la couleur de sa peau ne rappelle pas Dachau ou Birkenau. Le noir des Amériques par contre, rappelle à son ancien maître blanc, de par sa peau foncée, ses cheveux crépus et ses lèvres charnues sa souffrance dans les champs de canne à sucre sous le soleil de plomb, sacrifice et labeur acharné pour lesquels il n’a reçu que des coups de fouet en guise de paie. Ce sentiment de culpabilité non confessée fait que l’ancien maître blanc, par peur de représailles de la part de son esclave de jadis, se refugie dans le refus et le rejet de celui-ci, en arguant que ce dernier est agressif ou dangereux. La honte et la peur de ce dernier se sont transformées en haine. Cette haine à son tour a pris le nom de police ou de justice. Elle s’appelle en vérité patrouille d’esclave, milice raciste ou organisation ségrégationniste. Elle se dit partisan du maintien de la peine de mort ou peut-être adversaire de la suppression de la peine de mort, mais dans tous les cas elle est, sans aucune autre forme de procès, favorable au lynchage public et légal du noir. Et d’ailleurs comment comprendre que le noir minoritaire au sein population globale des États-Unis, soit majoritaire dans la population carcérale américaine. Comment expliquer le fort taux de chômage du noir aux États-Unis ?     
C'est-à-dire que l’aspect physique du noir, qui est totalement en dissonance d’avec l’environnement socioculturel et ethno-racial dans lequel il a été transposé contre son gré et son vécu passé et présent d’individu sans droit et sans protection dans cette même société font que le noir est resté un élément étranger dans ce corpus qui n’est pas le sien. Il n’arrive pas à se dissoudre dans ce celui-ci et ce dernier aussi refuse de l’absorber. Tel le juif errant, le noir se sent nulle part chez-soi et il est étranger partout. Qu’il soit du Canada, des États-Unis, des Caraïbes ou du Brésil la première question qu’on lui pose ouvertement est la suivante : « D’où venez-vous ? ».  La dernière question qu’on lui pose après une discussion le plus souvent à sens unique et qui a tout d’une séance d’inquisition est quant à elle tacite, et se résume en ces termes : « Quand est ce que vous allez rentrer en Afrique ?». Au colon blanc installé quelque part en Amérique ou en Australie, on ne lui pose jamais la question à savoir, quand est ce qu’il compte rentrer en Europe, terre de ses aïeux. Mais en fait quand est ce que l’exil à Babylone de l’homme noir prendra-t-il fin ? Quand est ce que le noir retrouvera-t-il sa Terre Promise à lui, l’Afrique ? A quand notre Aliyah nous aussi ? Ou sommes-nous peut-être une tribu égarée ?
La tribu de Cham est dans le désert. Elle erre. Elle ignore tout d’elle. Elle ne sait pas que l’Afrique est sa Terre Promise. Elle a fui la maison de servitude, mais la liberté est pour elle un sentiment étrange. La traversée du désert est longue et pénible d’autant plus que Moise est absent et Aaron peine à se faire entendre, la foule qui l’entoure est bruyante, ignare et impatiente. Avons-nous fait un pacte avec Jéhovah pour espérer que la promesse divine faite à nos ancêtres se réalise enfin ? Qu’avons-nous appris de notre exil à Babylone ?  Avons-nous banni la turpitude et la corruption de  nos mœurs ? Avons-nous élu la lumière comme loi ? Avons-nous accepté de rejeter l’idolâtrie ? Avons-nous cessé d’associer d’autres êtres à Dieu ?
S’il est un peuple sur lequel sur le peuple noir à certains égards devra prendre exemple, c’est bien le peuple juif. En effet le peuple juif réussit constamment l’exploit de se remettre de ses tragédies les plus douloureuses, de se réorganiser de manière encore plus efficace qu’auparavant, de préserver son identité culturelle et religieuse, d’assurer sa sécurité et de conserver la mémoire de son vécu tragique en une science historique de récit et d’interprétation actuelle des faits et actes passés. Le peuple juif est un peuple uni dans la diversité. L’homo israelus sait distinguer le superflu de l’essentiel. Il a foi en sa destinée et a confiance en lui-même. Il connaît le mérite de la science et de l’éducation. Il excelle dans l’adversité et fait preuve de fermeté face à l’ennemi. Son sens aiguisé des affaires fait de lui l’argentier dans tout commerce. Il a su conserver une prestance son élection divine. Il a le souci constant de son droit à l’existence et fait valoir ce droit sans complaisance aucune. Il a fait de la lutte pour sa survie sa raison d’exister. La haine que les autres ont envers lui ne l’affaiblit point, au contraire, elle le rend encore plus redoutable dans l’adversité. A l’opposé de l’homme noir, l’homo israelus a un sens inné de l’organisation et une forte conscience de groupe. Son ascendance glorieuse fait de lui un individu fier. Les persécutions subies à Rome, Tyr, Babylone, Dachau, Varsovie et autre part ailleurs l’ont aguerri. La profonde conviction d’appartenir à un peuple élu de Dieu, lui confère une confiance en soi inébranlable. Le peuple juif sait faire taire ses divergences internes et sait prôner l’unité.
Pour le peuple noir par contre la diversité est source de divisions et de tensions. L’homme noir pense que le tribalisme est la meilleure forme d’organisation sociale. Il verse dans le mysticisme pour, croit-il, atteindre Dieu. Sa religion s’appelle culte des ancêtres. La corporation socioprofessionnelle à laquelle il appartient s’appelle caste. Il se dit noble ou se fait appeler griot ou forgeron selon son patronyme. Il a une mauvaise philosophie du travail. Pour lui travail rime avec servitude, peut-être parce qu’il a été asservi ou parce qu’il est lui-même négrier et esclavagiste. Demandes à l’homme noir de créer une nation unie et forte, il mettra sa tribu au-dessus de toutes les autres de sorte que la discorde et la mésentente compromettront le noble projet de vie en commun. Demandes au noir de créer un état juste et fort, il créera une dictature tribale féroce et sanglante. Demandes au noir de nourrir le pauvre et d’aider le faible, il affamera le pauvre et tuera le faible. Et si jamais on lui confiait une malle pleine d’or pour nourrir tout un peuple, il s’appropriera de la plus grande part et laissera les miettes au bas peuple. Demandez-lui enfin d’organiser la Religion, il la divisera en sectes adversaires.
Mais au fait si l’homme noir avait su au lendemain des indépendances organiser l’Afrique de manière à la rendre stable, paisible et prospère, toute la tribu de Cham s’y serait donné rendez-vous pour une messe de retrouvailles. Quod non! Alors comment exiger du noir des Amériques, d’Arabie, du Maghreb et des Indes de revenir sur la terre des aïeux ? Encore que le noir d’Afrique rêve d’évasion, d’exode et d’exil vers Babylone pour fuir la misère, la guerre et la maladie qui se sont installées sur sa Terre Promise devenue enfer sur terre.
                                                                           

Le monologue de Walycor est un chapitre extrait de « Soleil de minuit », roman en cours de rédaction de l’écrivain et essayiste Abd El Kader Niang.      



Les Quinze Points d'Abd El Kader Niang.

1. L’État du Sénégal est religieux, libéral, démocratique et social. Il est cependant équidistant dans la gestion du culte. L’État est le premier protecteur du culte monothéiste et de la famille.
2. Le Président de la République du Sénégal est cumulativement chef d’État et chef de gouvernement. Le poste de Premier Ministre est de ce fait supprimé et remplacé par celui d’un vice-président actif, élu sur la base des mêmes critères que le Président de la République. L’exécutif national est donc unicéphale.
3. Au moins soixante-cinq pour cent du budget national seront alloués par contrainte constitutionnelle à l’agriculture, l’élevage, l’hydraulique, la santé publique, l’éducation nationale et la formation professionnelle.
4. L’enseignement est public, gratuit et obligatoire du préscolaire au supérieur. Des cours de religion seront dispensés dans tous les établissements d’enseignement publics et privés du Sénégal.
5. Le service militaire est obligatoire pour tous les citoyens sénégalais âgés de 18 ans. Un service civique national sera institué comme alternative obligatoire pour les inaptes au service militaire et objecteurs de conscience.
6. La Constitution du Sénégal préverra la dissolution du Conseil Supérieur de la Magistrature, la suppression du ministère de la justice et l’élection des juges et procureurs au suffrage universel direct.
7. Le cumul de mandats électifs est interdit. La durée d’un mandat électif est de cinq ans renouvelable une seule et unique fois. Le calendrier républicain sera organisé de telle sorte que les élections présidentielles et législatives auront lieu simultanément.
8. Par le moyen d’une contrainte constitutionnelle impérative, le nombre de partis politiques sera limité à quatre formations institutionnalisées, et financées par le trésor public.
9. Le code électoral préverra l’organisation et la tenue d’élections primaires libres, indépendantes, démocratiques et transparentes au sein des partis politiques.
10. Les conseils régionaux, municipalités et communautés rurales seront dissouts et leurs compétences transmises respectivement aux gouverneurs de région, préfets et sous-préfets.
11. L’État du Sénégal se réservera le droit régalien et inaliénable de créer sa propre monnaie. Par conséquent le Sénégal s’affranchira du franc CFA.
12. Les secteurs suivants feront l’objet d’un monopole public perpétuel :
. L’eau, l’électricité et les hydrocarbures.
. La santé, l’éducation, la défense et la sécurité.
. Les postes, les télécommunications, les transports terrestres et l’hygiène publique.
13. La Constitution interdira au gouvernement du Sénégal d’intégrer toute forme d’institutions, d’organisations, de régimes et/ou de structures de nature à entraver l’indépendance et la souveraineté du Sénégal.
14. Le droit de vote sera dorénavant exclusivement réservé aux seuls citoyens civils sénégalais remplissant les critères requis. Les militaires et paramilitaires seront interdits de vote. Le prosélytisme religieux sera interdit dans les rangs des forces armées.
15. La prostitution, l’homosexualité, le transsexualisme, le mariage entre deux individus du même sexe et l’homoparentalité seront formellement interdits. La propagande et le militantisme en faveur des ces comportements susnommés feront l’objet de poursuites judiciaires et d’une sanction pénale draconienne. L’adoption, sauf circonstance extraordinaire qui sera définie par une loi, sera strictement interdite et remplacée par une forme de prise en charge publique par l’intermédiaire des services compétents rattachés au ministère de famille.

Abd El Kader Niang 

Maïeutique préliminaire à l’introduction générale au discours sur l‘identité politique nationale et l’appartenance ethno-raciale.
La mondialisation, la chute des frontières, le développement accru de la mobilité humaine, l’intensité des interactions culturelles, le dialogue entre les cultures, les peuples et les religions, la gouvernance internationale de l’économie libérale privée, bref tous ces phénomènes ont-ils sonné le glas de l’État national ? En d’autres termes la globalisation a-t-elle dissout l’identité politique nationale dans un vaste moule abstrait, amorphe et indescriptible ?
L’humanité peut-elle devenir post-raciale ? Peut-on ignorer l’existence des races ? Doit-on feindre d’ignorer l’existence des races pour ainsi se conformer aux normes du politiquement correct d’une civilisation humaine postindustrielle décadente.
S’il n y avait pas de races humaines distinctes les unes des autres pourquoi alors les êtres humains auraient-ils une apparence physique externe différente selon les origines ? Qu’est ce qui expliquerait alors cette catégorisation de la notion d’appartenance en critère de couleurs dites blanche, noire ou jaune selon la situation ? Alors pourquoi parle-t-on de métissage, quand un Noir épouse une Blanche ou vice versa et qu’un enfant naisse de cette union ? Qu’est ce qui explique la biodiversité au sein race humaine ?
La création est plurielle certes, mais est-elle unitaire ?
La diversité ethno-raciale semble constituer une entrave majeure à la cohésion sociale au sein des états nationaux. Et si tel est le cas, ce n’est pas simplement du fait de la diversité en tant que telle mais plutôt du sens politique que certains lui ont conféré au cours de l’histoire. La couleur de la peau et l’apparence physique externe ont de tout le temps fait l’objet du fondement de l’explicatif ou tout du moins des tentatives d’explication d’une oppression politique dite discrimination raciale. Prenons exemple sur le Noir ! Une certaine exégèse de  la Bible veut que le Noir soit un être maudit parce que paraît-il le Patriarche Noé aurait maudit Cham et sa descendance, la race noire (Cf. Genèse 9: 21-27). S’agit-il ici d’un rajout ou d’une falsification de l’histoire ? Les critiques voient en ce passage de la Bible juive une tentative suprémaciste de trouver une explication théologique à la discrimination raciale contre les Noirs. Qui a lancé l’anathème contre la race noire ? Dieu ou Israël ? Le débat est ouvert !
S’il est difficile de prouver l’authenticité ou non de la malédiction de Cham, il est en revanche plus aisé d’établir la responsabilité de certaines institutions religieuses et de leurs élites dans le cycle chronique de l’esclavage des Noirs et de l’occupation coloniale de l’Afrique.
Ceci dit l’histoire et la politique peuvent-elles à elles seules expliquer la déshumanisation en un moment donné de l’homme noir ? La condition de servitude antérieure de la race noire a-t-elle engendré une catégorisation systémique de la conception du rôle de l’homme noir dans une société multiraciale ?
L’appartenance ethno-raciale est-elle décisive pour déterminer l’identité politique d’un individu ou d’un groupe social ? Peut-on reconsidérer le genre humain par delà les critères d’appartenance ethnique ou raciale ? Une société humaine multiethnique ou pluriraciale peut elle devenir post-ethnique ou post-raciale ? En d’autres termes peut-on ou doit-on déconstruire l’ethnicité et la racialité ? Y’aurait-il une incompatibilité socioculturelle prédéterminée entre les différents spécimens humains de sorte que l’on pourrait croire que le flux migratoire d’un groupe social vers un autre peut occasionner une perturbation dans l’organisation ou le fonctionnement l’écosystème sociopolitique de ce dernier ?

Abd El Kader Niang, politologue et essayiste.


Montag, 24. März 2014

Vers une nouvelle politique de défense et de sécurité pour le Sénégal (1ère Partie).

L’État du Sénégal se doit de repenser la politique de défense et de sécurité qui, jusqu’ici, a prévalu. L’environnement sécuritaire n’étant plus le même, vu l’apparition d’acteurs non-étatiques exerçant une violence armée transnationale (réseaux terroristes, groupes armés, mouvements séparatistes, bandes criminelles opérant en zones transfrontalières etc.) et constatant l’érosion du monopole de la contrainte physique légale dans certains pays de la sous-région ouest-africaine (Mali, Mauritanie, Guinée-Bissau etc.), il urge alors pour le Sénégal de redéfinir le paramètre et l’objectif des missions jusqu’ici dévouées à nos forces de sécurité et de défense.

Le schéma classique de la défense nationale tel qu’actuellement conçu veut que nos forces de défense et de sécurité ne se bornent qu’à assurer l’intégrité du territoire national et la protection des citoyens sénégalais à l’intérieur de nos frontières. La nature des dangers qui peuvent présentement constituer une menace réelle pour la sécurité du Sénégal et de ses citoyens exigent de l’État du Sénégal une politique sécuritaire beaucoup plus préventive et axée sur une stratégie de dissuasion adéquate. Pour ce faire le gouvernement devra d’une part mettre l’accent sur la coopération entre les différents services de l’État et sur la coordination entre l’armée, la police et la gendarmerie. D’autre part il s’agira pour le gouvernement d’augmenter la taille des effectifs en service dans les forces de sécurité et de défense. Il est en effet très risqué pour la sécurité intérieure du Sénégal que d’avoir une police et une gendarmerie qui fonctionnent en sous-effectif. Si l’actuel gouvernement est en mesure d’employer 3000 volontaires civils au sein de ce qui s’appelle « Agence Nationale d’Assistance à la Sécurité de Proximité », cela veut dire que ce même gouvernement est en réalité capable de recruter 3000 policiers ou gendarmes supplémentaires pour assurer la sécurité des citoyens en lieu et place de simples civils, dont le critère de recrutement semble être plus l’appartenance politique que l’aptitude professionnelle. Il n’est pas trop tard pour dissoudre cette milice et corriger cette forfaiture. On peut bel et bien lutter contre le chômage des jeunes sans pour autant trahir le principe abstrait de l’objectivité républicaine qui régit le fonctionnement de l’État du Sénégal. Une reconfiguration du génie militaire et une redéfinition de la mission des forces armées sénégalaises peuvent en effet aider le gouvernement à trouver des solutions efficaces pour régler le problème du chômage structurel des jeunes et le déficit de main-d’œuvre qualifiée dans certains domaines.
Je veux dire par là que le génie militaire peut à la fois servir de centre de formation professionnelle et d’entreprise de BTP avec des marchés publics et privés au Sénégal comme à l’étranger.

Le présent concept combiné à l’instauration du service militaire obligatoire pour tout citoyen sénégalais âgé de 18 ans avec un délai de conscription de 24 mois suivant la formation de base, peut dans le court et moyen terme rendre la jeunesse sénégalaise plus apte à relever le défi du développement économique et social. Ainsi aura-t-on d’une part une Armée pourvoyeuse d’emplois dans des secteurs aussi bien variés que les BTP, l’immobilier, les NTICS, le textile, l’agroalimentaire, les énergies, les transports etc. ; et d’autre part des militaires qui seront ouvriers en temps de paix et soldats en temps de guerre. Les forces armées seront intégrées dans le tissu socio-économique national et pourront de ce fait contribuer à l’envol économique du Sénégal. En plus des crédits publics accordés dans le cadre de la loi de finances, les forces armées auront une certaine autonomie financière qui servira à financer les retraites, les programmes de logements, les assurances et les prises en charge en cas d’invalidité.

La stratégie de défense nationale reposera sur une fusion intelligente entre le concept de conscription et celui d’armée de métier.

Le gouvernement prendra alors une mesure portant création d’au moins d’un lycée militaire dans chaque région du Sénégal. L’enseignement des sciences et techniques ainsi qu’une pratique intensive du sport occuperont une place importante dans le programme éducatif de ces établissements.

En conséquence à la création d’une quinzaine de lycées militaires, le gouvernement créera une demi-douzaine d’écoles supérieures polytechniques réparties sur toute l’étendue du territoire national pour absorber les meilleurs bacheliers aspirant à service dans les rangs de l’Armée en tant qu’ingénieurs ou techniciens supérieurs.  

Afin de garantir le caractère neutre et impartial des forces armées, les militaires et les paramilitaires seront privés de vote. En effet l’octroi du droit de vote aux membres des forces de sécurité et défense, peut mettre en danger le fonctionnement des forces armées aussi au niveau horizontal, qu’au niveau vertical. En d’autres termes il peut y avoir soit une friction entre les corps les plus proches du pouvoir politique (Gendarmerie Nationale, Garde Républicaine, Police Nationale etc.) et ceux qui le sont moins (Armée de Terre, Armée de l’air, Marine, Sapeurs-Pompiers etc.) ou soit une distorsion de la chaîne de commandement entre la haute hiérarchie et la troupe. 

Par delà la garantie des intérêts vitaux du Sénégal à savoir la défense de l’intégrité du territoire national, de l’indépendance et de la souveraineté internationale du Sénégal  et la protection des citoyens sénégalais, la nouvelle politique de défense et de sécurité du Sénégal prendra en compte l’aspect économique, culturel, commercial et écologique des intérêts du Sénégal (intérêts stratégiques).


Abd El Kader Niang
Diplômé en Sciences Politiques